Le Plan d’Accélération Industrielle : une locomotive pour le développement

La politique industrielle du Maroc a connu un tournant depuis presque une quinzaine d’années. À partir de 2005, le Maroc a initié une politique de développement économique axée sur une vision sectorielle avec la mise en place de trois plans consécutifs, l’un amplifiant l’autre : le Plan émergence 2020, le Pacte National pour l’Émergence Industrielle et en dernier lieu le Plan d’Accélération Industrielle.

Mis en place en 2014, le Plan d’Accélération Industrielle (PAI) s’efforce de mettre en place une offre industrielle plus ciblée et compétitive faisant du secteur un levier majeur de croissance. Sur la période 2014-2020, le PAI s’est fixé des objectifs relatifs, entre autres, à la création de 500.000 emplois et au maintien des équilibres économiques et sociaux, via la mise en exergue des exportations et la substitution des importations par la production locale. Ainsi, 5 ans après sa mise en place, quel bilan pouvons-nous en tirer ?

Le secteur industriel a réalisé d’importantes performances dans le cadre du PAI et les résultats sont probants. En effet, 81% de l’objectif fixé en termes d’emploi pour l’année 2020 a été réalisé. L’industrie des phosphates, du textile, des agroalimentaires et l’industrie automobile ont connu, récemment, une dynamique et une évolution prometteuse incontestable, faisant ainsi des progrès remarquables au sein du royaume ; une hausse de 79 milliards de dirhams a été enregistrée en matièred’exportations industrielles.

En outre, en vue de favoriser une meilleure insertion dans les chaines de valeurs mondiales et pour rehausser la contribution du secteur industriel au PIB national à 23% à l’horizon 2020, le Maroc s’est engagé dans ce processus d’accélération de son industrialisation. Un processus qui a pu lancer plus de 49 « écosystèmes » dans différentes branches industrielles et ayant investi dans la qualification des ressources humaines, via notamment le projet de mise en place de « cités des métiers et des compétences ».

Par ailleurs, plusieurs défis restent à relever afin de percer le tissu de la mondialisation industrielle et de la compétitivité économique nationale, continentale et mondiale.

D’une part, la politique industrielle du Maroc devrait assurer la transition vers l’industrie 4.0 et gérer les moyens de productiond’une manière à connecter le besoin du client à l’organe de production à l’aide de nouvelles technologies. À cet effet, la transformation numérique est en phase d’accélération dans la chaîne de création de valeur et de l’ensemble du cycle de vie des produits. Les acteurs concernés sont tenus à prendre en considération les exigences des clients dans la conception des produits, optimiser les opérations pour réduire les coûts, accroître l’agilité, créer un continuum numérique dans l’ensemble de la chaîne de valeur et accélérer la mise sur le marché.

D’autre part, la politique industrielle marocaine gagnerait à mettre en priorité le développement durable sous toutes ses formes et dimensions. Il s’agit de prôner un développement économique qui respecte l’environnement par le biais d’une exploitation rationnelle et modérée de la nature et de ses nombreuses ressources. Il s’agit également d’abandonner progressivement les énergies émettrices de gaz à effet de serre au profit des énergies renouvelables et d’encourager toute initiative allant dans ce sens.

Habiba El Mazouni