Degrés d’influence

De nos jours, le concept d’influence semble évoquer un phénomène de contagion dès lors qu’interviennent aussi bien une résurgence outrée de la société de l’information, toujours plus gourmande au niveau mercantile, qu’une prolifération des applications numériques. Les entreprises, agences de communications, influenceurs sur les réseaux sociaux, … tout le monde semble vouloir faire de l’influence une image de marque ou encore un métier tandis que l’assimilation du concept n’est pas toujours une mince affaire. D’ailleurs, la conception de l’influence a pendant longtemps recouvert une connotation péjorative liée notamment à la soumission, la manipulation, l’obéissance, le conformisme, la propagande et la désinformation. En réalité, le terme ne reflète ni son utilité ni sa dimension stratégique ; il traduit pour le sens commun une définition superficielle et simpliste où se mêlent pêle-mêle des événements, des relations presse ou encore des figures éphémères des réseaux sociaux.

Par ailleurs, l’émergence de ce nouveau marketing d’influence prônant certains aspects sommaires du concept cache, en effet, une pensée beaucoup plus profonde, stratégique et infiniment riche de conséquences quant aux institutions, entreprises et personnalités publiques. Le concept d’influence repose par contre sur un processus de maitrise de l’information décisive permettant aux décideurs d’atteindre leurs objectifs et de répondre, à bon escient, aux exigences stratégiques induites par les nouveaux rapports de forces liés à la mondialisation. Il s’agit bel et bien d’un ensemble d’outils qui permettent à l’émetteur de capitaliser sur ses points forts, d’anticiper ses faiblesses et de les convertir en action réelle. À cet égard, au cœur de la stratégie de plusieurs États et grandes marques mondiales se trouve une influence qui revêt plusieurs formes notamment politiques, économiques, sociétales, commerciales, culturelles, etc. Vous l’aurez compris, l’influence n’est pas un mystère ni une illusion ; l’influence se prépare, se vérifie et se jauge !

Finalement, la stratégie est l’étoffe de l’influence. Tous les acteurs faisant face à la complexité de la mondialisation, désirant stimuler leur réflexion et guider leur action, devraient inscrire l’influence dans leur stratégie et fonctionnement.

Ali Moutaïb