Essor des Fintechs : Quels changements pour le marché financier mondial ?


L’industrie bancaire est confrontée, plus que jamais, à une réalité évidente : au centre de la révolution numérique, les comportements et habitudes en matière de consommation de services bancaires ne cessent de s’accroître en intégrant l’industrie high-tech au centre de son développement. Il s’agit de l’émergence de la Fintech.

Fintech, Biotech, Martech, …Retour aux prémices de ce suffixe qui a changé la donne, particulièrement dans le champ de la Finance

L’expansion des starts-up de la finance, ou « fintech », est relativement récente et s’est intensifiée notamment depuis 2014. Il leur fallait bénéficier d’un cadre réglementaire et technologique favorable afin de « disrupter » abyssalement l’existence des banques traditionnelles. De par leurs technologies de la mobilité et des données (big-data, intelligence artificielle, blockchain, ou encore le cloud computing), les fintech basent leurs prestations de services bancaires sur une approche simple, rapide, transparente, ou encore ergonomique. Il s’agit, là encore, de start-up financières démarquées par cette innovation en phase avec les nouvelles pratiques des clients. Il n’est, à coup sûr, pas question d’un simple suffixe pour faire florès, mais plutôt de toute une culture qui met l’évolution des comportements bancaires au cœur de sa stratégie.

La Chine, ce nouveau leader tech indétrônable

En parlant des fintechs, la première image qui vient à l’esprit est celle des places financières mondiales telle que New York ou Londres. Pourtant, la Chine occupe, à elle seule, le devant de la scène fintech mondiale. Pourquoi tant de succès ?

Avec sa culture technophile, la Chine compte 1,3 milliard de personnes, ayant développé une forme d’innovation qui leur est propre. Communément connu sous le label « Made in China », le système d’innovation chinois n’est rien d’autre qu’une superposition de briques de modèles minutieusement et intelligemment choisies, mêlant des pratiques chinoises héritées du passé et des sources d’inspiration extérieures. Du reste, la technologie reste fortement ancrée dans les habitudes des chinois. Nous entendons, à cet effet, l’omnipotence et la forte utilisation des réseaux sociaux chinois, à l’instar de l’application “WeChat”, cet incontournable outil de la réalité quotidienne chinoise qui s’est démarqué tant par la diversité de ses fonctions (messagerie instantanée, partage des actualités en photos, textes, vidéos et curation de contenus en temps réel, transactions de paiement à l’échelle nationale et internationale, réservation des billets de cinéma, train, avion, taxi etc., shopping, cadeau offert – sous forme d’un don d’argent – via le “WeChat red envelope”, etc.), que par sa stratégie d’expansion à l’étranger. Il n’en reste pas moins que la présence des institutions publiques et privées chinoises contribue largement à l’initiation, l’importation et la diffusion des nouvelles technologies. La Chine s’acharne ainsi à se hisser au plus haut sommet de la pyramide technologique mondiale.

En outre, en marchant sur les pas d’un savoureux mélange de protectionnisme et libéralisme, le marché digital chinois ferme, avec diplomatie, la porte à un bon nombre d’acteurs étrangers, et ce afin de monopoliser le marché interne, tout en développant ses propres services fintech. C’est effectivement la stratégie du BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) ayant comme cible les pays les plus peuplés du monde (la Chine, l’Inde et l’Indonésie notamment).

En plus de cela, s’ajoute la collaboration entre les banques traditionnelles et les fintechs. En effet, au lieu d’une simple concurrence, la Chine est tout à fait consciente de l’importance d’une compétition entre les deux acteurs pour maximiser le développement des services innovants. Cette collaboration serait ainsi une plus-value partagée entre, d’une part les banques traditionnelles susceptibles de surmonter avec brio leur mutation digitale en s’inspirant de la créativité et l’agilité des fintech, et d’autres part, les start-up qui bénéficieront d’un appui en termes de financement, d’expériences, de réseaux et d’agrément réglementaire.

BATX et GAFA : Banquiers de demain ?

Leur force de frappe est certainement le stockage des données personnelles des utilisateurs ; les GAFA et BATX nourrissent leurs stratégies par les milliards de données personnelles des utilisateurs, ce qui permet d’offrir éventuellement des services financiers personnalisés et par là fidéliser une large clientèle. Dès lors, l’enjeu stratégique est de nouer et multiplier les alliances entre banques, assurances et fintech afin de contrer ces nouveaux entrants qui ne cessent de prospérer.

Mouvement de certains acteurs de l’échiquier international

Face au positionnement stratégique de la Chine sur le marché mondial des fintech, des alliances entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont entrain de voir le jour, notamment avec l’accord signé le mois dernier entre la Financial Conduct  Authority (FCA) et la US Commodity Futures Trading Commission (CFTC), afin d’accompagner et de soutenir les fintech des deux territoires, et ce, en se basant principalement sur le partage d’expérience et d’innovation.

Finalement, face à la révolution digitale, les banques doivent tout faire pour tirer profit du potentiel des technologies comme le blockchain et l’intelligence artificielle. Il s’avère donc important qu’elles modifient profondément leur mode d’organisation et ce, en considérant lesdites technologies comme alliés aptes à fournir des clés d’anticipation pour adapter au mieux les services bancaires aux clients. Reste à savoir si nous assisterons un jour à un monde bancaire entièrement géré par des robots intelligents ; si l’intelligence artificielle, suffira, à elle seule, au bon fonctionnement des sociétés aux services financiers, et si la crypto-monnaie chamboulera l’ordre de la finance mondiale.

Habiba El MAZOUNI